Habitants, élus, représentants d'association et autres carolomacériens sont venus découvrir l'exploration artistique retraçant quatre moments de rencontre entre les artistes et les habitants.
Comme un échange de lettres, artistes et habitants se sont répondus pour exprimer comment ces temps ont été forts, libérateurs dans une dignité partagée.
Nous vous vous proposons de (re)découvrir ces mots...
Belle lecture à vous, merci et bravo pour ce temps ensemble.
"Quatre jours, du mardi au vendredi.
Cela parait court, en effet quatre jours ce n'est rien. Mais
suffisamment pour vivre intensément une expérience
unique.
Le temps s'est arrêté, j'étais ailleurs, j'étais autour du
grand Barillon, de la Waren, de la Meuse, et bien
évidemment des habitants du quartier qui ont bien voulu
participer à ce projet.
En pleine campagne du deuxième tour des municipales
une synergie, une fébrilité se dégageait dans ce cadre
incomparable.
Nous avons eu la chance d'avoir un temps printanier.
Les mots qui me viennent à l'esprit sont dignité et
gentillesse, qui est, comme chacun sait, la noblesse de
l'intelligence…
Des témoignages, des souvenirs, des attachements
tellement émouvants à cette barre d'immeuble qui sera
détruite en octobre 2014.
Un enracinement à ce bâtiment, au quartier de
Manchester.
J'ai même entendu dire que le grand Barillon est un
quartier de Manchester.
Site exceptionnel, présence de l'eau au travers de la
Waren et de la Meuse.
Paysage minéral, paysage lacustre qui m'a fait penser à
des tableaux de Corot.
Pour vous, habitants du grand Barillon, pour vous
habitants de Manchester, pour vous cet écrin, cette
mémoire vous appartient.
Ismael Kachtihi del Moral
Chers enfants de Manchester,
Nous nous sommes rencontrés chaque semaine à l’école Bronnert.
Vous aviez de 6 à 11 ans, et vous m’avez surprise par votre connaissance
approfondie du quartier et de ses changements récents.
Vous connaissiez les rues, les commerces, les lieux de jeux,
de loisirs, les habitats, les équipements, les crèches et les écoles, mieux que
certains adultes. Car pour vous, enfants qui avez grandi ici, Manchester est
bien plus qu’un quartier. C’est une part de votre vie, une part de votre
enfance, qui restera en vous pour toujours.
Ensemble, nous avons cherché comment dessiner ce quartier au
présent, dessiner ses évolutions et ses changements, comment le présenter aux
enfants qui naîtront après et qui, comme vous, grandiront ici.
Nous avons commencé par dessiner la carte du quartier,
Manchester vu du ciel. Chacun d’entre vous a coloré et enrichi la carte, selon
sa propre vision.
Puis nous sommes allés dans le quartier, nous nous sommes
promenés pour photographier, dessiner, répertorier tous les détails qui nous
semblaient importants.
De retour en classe, nous avons choisi parmi des petits
jouets en plastique des présences vivantes pour habiter les cartes que nous
étions en train de réaliser.
Au fur et à mesure du temps, chacun d’entre vous a réalisé
une carte à soi, une vision particulière, vivante et colorée, de son quartier.
Puis nous avons eu l’idée d’explorer nos œuvres avec des
petites lampes torche, et un monde nouveau s’est ouvert : un quartier
imaginaire, un quartier rêvé, démultiplié, le Manchester des enfants.
Ensemble, nous avons creusé notre idée, nous avons cherché
comment l’améliorer, nous sommes partis parfois sur de fausses pistes, pour
enfin trouver notre chemin.
Chacun d’entre vous s’est représenté par un petit jouet de
plastique, qu’il a choisi et minutieusement placé dans une goutte d’eau, comme
pour dire : nous sommes la vie du quartier, nous, les enfants, nous sommes
le présent et le futur de la ville.
Vos œuvres présentées ici, dans une suspension lumineuse,
reflètent votre bonheur d’habiter ce quartier en reconstruction, et d’y
grandir, au milieu de grands espaces naturels, dans les bras de la Meuse.
Personnellement, à l’issue de ce parcours de recherche et de
création artistique mené à vos côtés, je suis bluffée, émue, par le résultat
auquel nous sommes parvenus, et je suis honorée de vous avoir rencontrés.